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Écoute-moi encore!

Quel est le risque réel? Crédit photo: Brigitte Therrien

Dans cette première série de chroniques, j’aborde le sujet de l’écoute. Nous avons vu déjà le premier principe dans l’art de se faire entendre : Vous voulez que l’autre vous écoute? Il faut d’abord et avant tout que vous écoutiez l’autre et renforcez positivement chaque petit geste d’écoute venant de l’autre. Aujourd’hui, nous aborderons le deuxième principe dans l’art de se faire entendre: Clarifiez vos attentes.

Eh oui! Vous souhaitez un changement de la part de l’autre, mais vous savez qu’on ne peut le changer… Que faire alors? Vous pouvez commencer par observez et révisez votre propre attitude.

D’abord et avant tout, observez-vous!

Lors d’un souper de famille, vous confiez à votre frère votre déception de ne pas avoir obtenu ce fameux contrat souhaité depuis des mois.  Il vous répond « Un de perdu, 10 de retrouvés! » Certes, vous ne vous sentez pas du tout écouté (les généralisations de ce genre font rarement du bien), mais comment réagissez-vous ?

a) Vous soupirez bruyamment et ravalez votre déception.

b) Fâché, vous changez de pièce et fulminez intérieurement contre votre frère en vous promettant — encore — de ne rien lui confier la prochaine fois.

c) Complètement frustré, vous l’attaquez en lui balançant une méchanceté au sujet de sa dernière rupture.

d) Vous faites semblant de rire (jaune) et trinquez avec lui.

e) Vous ne faites rien du tout et attendez qu’une bonne fée exauce vos souhaits de façon magique et qu’il vous écoutera enfin la prochaine fois.

f) Vous lui dites simplement : « Tu sais, Paul, quand tu me dis ça, je ne sens pas du tout que tu te préoccupes de moi. Je sais que tu dis ça en pensant me réconforter, mais ce n’est pas l’effet que ça me fait. J’aimerais bien que tu me démontres ta compréhension et me disant par exemple: Ça ne doit pas être facile à accepter, ou bien, j’imagine que tu dois être très déçu. »

Oh! Vous vous imaginez mal exécuter la dernière option, pourtant vous devinez que ce serait la plus profitable… À vous de voir, mais à moins d’avoir réellement une fée sous la main, ne vous attendez pas à ce que les choses changent par miracle!

Bien sûr, la première fois que vous oserez parler en nommant vos émotions, vos pensées réelles et vos attentes ça vous semblera bizarre (à vous et à votre frère), mais en osant sortir de votre zone de confort vous êtes en train de l’élargir justement cette fameuse zone. La prochaine fois, ce sera plus facile et ça vous semblera moins risqué — je dis bien « sembler » car quel est le risque réel?

Un pas à la fois

Entrainez-vous avec des gens avec qui vous êtes à l’aise, des gens qui sont plus ouverts. La majorité des gens sont davantage maladroits que mal intentionnés.

Débutez en toute sécurité dans des moments où vous ne vous sentez pas trop vulnérable. En effet, si vous êtes très émotif et utilisez un ton de reproche, un regard mesquin, une parole blessante ou portez un jugement pendant votre intervention vous perdrez tout l’effet escompté.  

Imaginons la scène autrement : « Tu sais, Paul, quand tu me dis ça, je ne sens pas du tout que tu te préoccupes de moi. J’imagine bien que tu dis ça en pensant me réconforter, mais ce n’est pas du tout l’effet que ça me fait. J’aimerais plutôt que tu fasses enfin un homme de toi et que tu me démontres un minimum de compréhension. Tu pourrais te forcer un peu par exemple en me disant : Ça ne doit pas être facile à accepter. Mais ça, j’imagine que c’est trop te demander! »

Eh bien non! vous avez tout à fait raison, ça n’aura pas le même effet.

Agissez à froid

Il n’est pas nécessaire non plus d’agir à chaud. Souriez jaune et trinquez pour cette fois, mais au retour à la maison, réfléchissez bien à l’attitude ou au comportement que vous souhaiteriez voir se modifier chez l’autre et dans un moment de calme et d’ouverture (on reparlera plus tard de l’art de bien lire le non verbal), exprimez-lui votre émotion et votre attente :

– avec bienveillance (pas de jugement, de reproche ou d’attaque)

– avec confiance (vous faites cette démarche pour un mieux-être)

– en termes clairs (donnez des exemples brefs de ce que vous aimeriez entendre, vous ne serez jamais trop explicite)

Les premières fois, ça vous fera drôle d’entendre l’autre répéter les mots que vous lui avez mis dans la bouche, et ce sera un peu artificiel, mais avec l’habitude l’autre développera son propre répertoire de répliques appropriées, vous verrez. Un pas à la fois!

Dans la prochaine chronique, nous regarderons un 3e principe dans l’art de se faire entendre.

En attendant, souvenez-vous : observez-vous et modifiez votre propre attitude, un pas à la fois!

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