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Je suis bizarre, mais je suis normal

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Ma dernière chronique en a intrigué plus d’un (voir Qui? Moi?! publié le 2 février dernier). J’ai reçu des messages de gens qui se reconnaissaient ou qui reconnaissaient un proche. Ces gens étaient à la fois intrigués et rassurés. La surdouance chez l’adulte est encore trop peu connue, taboue, cachée, ignorée… Continuons de l’expliquer.

Je suis bizarre, mais je suis normal

Quand on vit avec ce profil, qu’on se sent décalé, peu importe l’âge que l’on a, il est rassurant de comprendre enfin notre réalité. Il est apaisant de mettre des mots, de mettre des images sur un vécu que l’on ne comprend pas soi-même. De pouvoir constater que «Ok, je suis peut–être bizarre dans ma tête et dans mon corps, mais je ne suis pas tout seul et je ne suis pas fou non plus», ça fait du bien.

On l’a déjà dit, plusieurs termes sont utilisés pour décrire ce profil atypique. Certains désignent les mêmes caractéristiques, d’autres en sont des nuances; chaque pays, chaque chercheur, chaque professionnel y va de ses préférences : zèbre, haut potentiel, haut potentiel émotionnel et/ou intellectuel, surefficient, hyperfonctionnant, hypersensible, etc. Pour cette chronique, j’ai sciemment choisi le terme « surdouance », car c’est non seulement le plus connu mais c’est aussi celui autour duquel il est important de détruire les préjugés.

La surdouance ne s’attrape pas, elle ne se développe pas non plus à un moment ou l’autre de notre vie. On nait ainsi. Le cerveau des gens surdoués n’est pas tout à fait structuré comme la grande majorité des gens. Ce n’est pas une malformation, c’est un formatage différent.

Petit cours de biologie 101

Les chercheurs constatent que chez ces gens, les connexions synaptiques dans le cerveau sont plus nombreuses et l’enveloppe de myéline (gaine entourant les fibres nerveuses) plus épaisse permettant une vitesse accrue du traitement de l’information et une pensée plus complexe (plusieurs pensées simultanées se reliant sans cesse entre elles créant ainsi toujours plus de nouvelles pensées). De plus, le corps calleux (partie du cerveau reliant les deux hémisphères) est plus dense et permet donc un meilleur réseautage entre les différentes zones du cerveau. L’imagerie cérébrale (IRM) permet aujourd’hui de constater que, chez le surdoué, plusieurs zones s’allument simultanément dans le cerveau.

Ce petit cours de biologie terminé, qu’est–ce que ça change dans la vie de ces gens, me demanderez-vous?

Ben ça change tout!

Je suis normal, mais je suis bizarre

Être surdoué, c’est être normal. Normal dans le sens de : être correct, pas malade, pas fucké (pardon pour le gros mot). Pas anormal, donc!

Mais être surdoué, c’est aussi être hors-normes. Ne pas être dans la norme parce qu’on a un profil que seul a un petit pourcentage de la population. Les surdoués que je m’amuserai à qualifier ici de purs ne sont que de 2% dans la population. Ces gens, en plus d’autres caractéristiques, ont un quotient intellectuel (QI) de 130 et plus.

Certains chercheurs, surtout en France, englobent les gens au QI de plus de 125, cela augmente la proportion à 5%, ce qui est encore bien peu. De là, la perception d’être bizarre, car on agit, pense ou réagit différemment de la plupart des gens. Bizarre aussi parce que le QI n’est pas la seule caractéristique de la surdouance et que ces autres caractéristiques sortent aussi de la norme.

Une sensibilité accrue

Qui fait dire aux gens : Ben voyons, tu capotes pour rien!

Tu n’exagères pas un peu là?

Bon, elle pleure encore!

Une perception accrue de l’un ou plusieurs sens

Les autres s’exclament : Comment ça t’entends Marc qui arrive? Sa voiture tourne juste au coin de la rue! 

Arrête de faire des sauts de même!

Non, ça sent pas la soupe, pourquoi tu dis ça.

Comment t’as fait pour trouver Julie aussi vite? Y a des dizaines de personnes sur cette photo-là!

Une perception de l’autre automatique, une empathie profonde

Dès l’entrée dans une pièce, être en mesure de sentir : Paul ne va pas bien, je le sens.

Chérie, ça n’a pas été au bureau aujourd’hui?

C’est stressant ici, je sors.

Oh, le patron va annoncer une mauvaise nouvelle, c’est clair.

Elle, elle est pas clean.

Un sens de la justice très fort

Les autres : Tu ne peux pas passer ta vie à vouloir changer le monde!

Calme-toi les nerfs! C’est un détail.

Une pensée complexe

Qui fait dire aux autres : Comment ça se fait que tu comprends pas ça, c’est tellement simple!

Bon, tu vas vouloir encore avoir raison!

Une pensée en arborescence qui ne permet pas toujours de comprendre le chemin suivi, une grande intuition

Qui fait dire : Je l’sais, c’est ça, mais je peux pas te l’expliquer.

Et aux autres : T’es rendu où là? J’te suis pu pantoute!

Et bien d’autres choses…

Tout cela fait en sorte que les surdoués se sentent parfois ou souvent extraterrestres. Ou que les autres les voient ainsi. Non, ce n’est pas de la mauvaise volonté. Non, ce n’est pas une game. C’est la réalité, leur réalité.

Cette semaine, amusez-vous à observer les gens autour de vous, en famille, au travail. Lequel de ces énergumènes est un gentil surdoué? Voyez-le autrement. Tentez de voir la réalité sous son angle d’approche. Vous êtes pareils, mais différents.

Vous pensez peut-être, mais ça n’a pas de bon sens, mais je me trompe sûrement, mais non, j’suis même pas intelligent… être surdoué? Lisez sur la question, informez-vous, lisez mes chroniques, écoutez cette petite voix que vous ne voulez pas croire.

On s’en reparle!

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